
Engagée depuis 1982 aux côtés des sportifs, la RATP a accompagné quarante-six athlètes dans leur double parcours sportif et professionnel dont vingt-six en Convention d'Insertion Professionnelle (CIP). Un an avant les Jeux Olympiques de Tokyo, l'entreprise publique de transports a lancé une web-série "Rêve de champions" où elle met à l'honneur sept athlètes de haut niveau qu'elle soutient, issus de sept disciplines différentes.
Comment la RATP les a-t-elle sélectionnés ? Sur quels critères ? Quelles sont les obligations de ces champions vis-à-vis de la RATP ?
Nicolas Martin, responsable des partenariats sportifs à la RATP détaille le dispositif en exclusivité pour Bonne Image.
Pouvez-vous nous rappeler pourquoi, historiquement, la RATP s'est tournée vers les sportifs ?
Nicolas MARTIN. Après les Jeux Olympiques de Moscou en 1980, l'Etat avait décidé d'aider le sport de haut niveau et avait sollicité les grandes entreprises publiques françaises pour contribuer au rayonnement du sport français à l'étranger. La RATP a été l'une des premières entreprises à s'engager en accueillant cinq ou six athlètrs salariés.
Quels sont aujourd'hui les critères pour faire partie de votre dispositif d'accompagnement ?
N.M. Il y en a plusieurs. Le premier, c'est d'être inscrit sur les listes ministérielles en tant que sportif catégorie élite. Ensuite, il faut être membre de l'une des sept fédérations que l'on a ciblé : judo, lutte, escrime, aviron, pentathlon, tir-à-l'arc et handisport. L'idée est de soutenir des sports amateurs, où il est très difficile de vivre de son sport. Ce ne sont pas forcément des top athlètes qui vont faire une médaille d'or aux prochains Jeux mais ils ont un profil qui pourra être intéressant pour les métiers de la RATP.

"L'idée, c'est que les sportifs se sentent bien à la RATP et s'inscrivent parfaitement dans le cadre du dispositif. C'est de la haut couture !"
Pouvez-vous donner un exemple ?
N.M. Marielle Pruvost, qui a pleinement basculé dans sa reconversion au sein de l'entreprise, est une très bonne judokate mais on savait qu'il serait très compliqué de faire une médaille internationale dans sa catégorie (Ndlr : moins de 63 kg avec la championne du monde Clarisse Agbegnenou). Par contre, elle est ingénieure d'études géotechniques et elle avait une réelle plus-value professionnelle. Aujourd'hui, elle est ingénieure responsable travaux et elle travaille sur le prolongement de la ligne 11 à Paris. C'est une vraie pépite ! Et en termes d'attractivité pour la RATP, c'est très bon !
Pourquoi n'accompagnez-vous pas davantage d'athlètes ?
N.M. Parce qu'il y a un vrai travail d'analyse des candidatures que l'on reçoit. On peut recevoir des CVs de l'US Métro (Union Sportive Métropolitaine des Transports) mais aussi via le bouche-à-oreille. Et puis, il y a un filtre géographique : il faut que l'athlète habite en région parisienne. L'idée, c'est que les sportifs se sentient bien à la RATP et s'inscrivent parfaitement dans le cadre du dispositif. C'est de la haut couture !
"On va aussi analyser leur potentiel média ou digital"
Leur image fait-elle partie de vos critères ?
N.M. Au-delà de l'image, on regarde d'abord leurs performances. Mais c'est vrai qu'on va aussi analyser leur potentiel média ou digital. L'idée, c'est de ne pas se retrouver avec des athlètes sujets à problèmes.
Quels types de contrats faites-vous signer ?
N.M. Pour les jeunes, ce sont plutôt des contrats d'image mais l'objectif, c'est de les recruter plus tard. Après, c'est à eux de définir leur objectif professionnel pour intégrer l'entreprise. Deux athlètes sont salariés chez nous : Lucas Daniel, archer et électrotechnicien et Yannick Fonsat, guide handisport, qui est animateur agent mobile. On met à disposition tous les outils pour les sécuriser au maximum, faire en sorte qu'ils puissent relativiser les échecs comme les réussites et, in fine, performer. Je les rencontre une fois par trimestre pour faire le point sur leurs situations professionnelle et sportive et voir comment la RATP peut les aider.
Que leur demandez-vous en contrepartie de cet accompagnement ?
N.M. On leur demande d'être disponibles une douzaine de jours par an pour des opérations interne ou externe comme des démonstrations sur le réseau RATP. Ils peuvent aussi intervenir dans le cadre de séminaires de managers.
Et sur les réseaux sociaux ?
N.M. Bien sûr, on leur demande d'avoir une résonance digitale, notamment avec le hashtag #AthlètesRATP mais il n'y a rien de systématique. Ils devraient évidemment relayer les prochaines vidéos de la web-série "Rêve de champions".
LES SEPT ATHLETES DU DISPOSITIF ATHLETES DE HAUT NIVEAU RATP
Kévin Dourbecker - 29 ans, tennis de table handisport
Lucas Daniel - 24 ans, archer
Yannick Fonsat - 30 ans, guide handisport
Koumba Larroque - 20 ans, vice-championne du monde de lutte en 2018
Marie Oteiza - 25 ans, championne d'Europe de pentathlon en 2018
Jérémy Cadot - 32 ans, vice-champion olympique de fleuret par équipes en 2016
Pierre Duprat - 29 ans, champion d'Europe de judo par équipes en 2015
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